Perdu(e) entre fibres recyclées, matières biologiques et amidon de maïs ? Pas de souci baby, il suffit de suivre ce guide !
Alors, quelles matières sont vraiment “éco-responsables” ?
En fait, quand on parle des matières, il faut prendre en compte deux étapes clés du cycle de vie d’un produit : la production et la fin de vie. Les deux ont un impact puissant sur la matière et permettent de déterminer si le produit qu’elle compose est responsable ou non.
C’est l’étape la plus facile à maîtriser aujourd’hui. En gros, une matière est un ensemble de fibres, et les fibres, en fonction de la manière dont elles sont produites, ont un impact environnemental (consommation d’eau et d’énergie) et social (qui participe à leur production ? dans quelles conditions ?). C’est cet impact qu’on regarde pour pouvoir dire si un produit est responsable.
Prenons le coton par exemple : c’est une matière naturelle qui utilise des ressources renouvelables, mais qui est ultra gourmande en eau (rappel : un sweat en coton = 9 000 litres d’eau) et les pays d'où viennent les fibres de coton les plus qualitatives sont généralement des pays où les droits de l’homme sont totalement outrepassés (par exemple, la fibre est récoltée à la main par des enfants, ce qui permet de moins abîmer la fleur de coton au moment de la cueillette..). Donc naturel ne rime pas toujours avec responsable, loin de là !
Mais s’il ne suffit pas de voir si la matière est naturelle pour savoir qu’elle est responsable, comment faire ? Voici un bref topo pour y voir plus clair et faire les bons choix en regardant les labels.
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Les fibres naturelles :
Les fibres naturelles sont obtenues par transformations physiques et mécaniques d’une matière naturelle, sans changer sa composition. Elles sont d’origine végétale comme le coton ou le lin (les fibres viennent alors des fleurs, des graines, des tiges, des feuilles des plantes ou de leur sève), d’origine animale, comme la laine ou la soie (les fibres sont issues de poils d’animaux et de sécrétions d’insectes), ou encore d’origine minérale (amiante, métaux).
Pour être certain(e) qu’une fibre naturelle est responsable (aka : qu’elle utilise modérément l’énergie et l’eau ET qu’elle est créée dans le respect des droits sociaux des travailleurs), on guette les labels internationaux GOTS et OCS et on se méfie de certains labels peu fiables (type BCI, sans le citer). On se méfie particulièrement de matières animales, qui sont plutôt déconseillées dans une démarche de consommation responsable, car les moutons, vaches ou alpagas élevés pour l’industrie textile vivent le plus souvent dans des conditions difficiles voire terribles ; on cherche alors le label RWS référent dans ce domaine ou alors on rebrousse chemin.
Et parmi ces fibres naturelles, on a un sérieux faible pour le chanvre, qui est aujourd’hui la matière naturelle la plus écologique sur le marché du textile, parce qu’elle ne pollue ni lors de sa culture ni quand on la transforme en tissu. Le chanvre ne nécessite aucune irrigation, il est très résistant et se développe vite. Il se cultive sans engrais ou pesticides et a même le pouvoir de régénérer les sols où il pousse.. Tu parles d’une fibre de fou. De quoi créer des modèles ultra résistants, bons pour la peau, naturels, durables… et souvent Made in France car la France est l’un des principaux producteurs de chanvre !
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Les fibres artificielles :
La viscose, le modal, le cupro, le lyocell. Ce sont des fibres produites par transformation chimique à partir de substances naturelles (et donc à base de ressources renouvelables). Le plus souvent c’est de la cellulose que l’on transforme. Mais ça ne les rend pas “responsables” pour autant, puisqu’au final elles sont transformées grâce à des substances chimiques toxiques. Deux entreprises reconnues internationalement, LENZING et BIRLA, ont développé une solution responsable et utilisent un solvant naturel pour transformer la cellulose de bois en fibres, donc si on va vers l’artificiel on sait quoi chercher !
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Les fibres synthétiques :
Le polyester, le polyamide, l’acrylique, le nylon, l’élasthanne. À la différence des fibres artificielles, ces fibres sont produites à partir de pétrole, une ressource NON renouvelable les amis. Et elles posent un problème majeur: les micro particules qu’elles dégagent dans l’eau pendant leur durée de vie, détruisant la biodiversité et nos océans - aka des milliers de particules se libérant à chaque lavage ou baignade ! OMG. C’est comme ça que 60 % des micro-plastiques des mers et océans proviennent des vêtements que nous possédons
Heureusement des alternatives existent : le polyamide recyclé à partir de chutes de production, ou le polyester recyclé à partir de bouteilles d’eau et de déchets plastiques divers. Cela permet de ne pas utiliser de pétrole et de revaloriser des déchets. Les deux certificats les plus sûrs sont GRS et RCS. Bon, le souci, c’est que les versions recyclées polluent également - toujours ces histoires de micro particules s’échappant dans l’eau au lavage. Deux solutions : éviter de laver ses vêtements pour un rien (moins de machines, c’est clairement un geste éco-citoyen ;)), s’il le faut privilégier le lavage à la main, et si l’heure de la machine est vraiment arrivée se munir d’un gentil “guppy bag”, qui retient 30% de ces micro particules.
Voilà, comme ça vous savez quelles fibres privilégier et comment les repérer. Magie :)
Et attention aux faux amis ! Certaines fibres ont l’air éco-responsables mais ne le sont absolument pas. C’est le cas de ces fameuses fibres “produites à partir d’amidon de maïs”. Le topo : on déforeste pour planter des champs de maïs bourrés d’OGM, pour en extraire des fibres textiles. Pas fou pour la planète déjà, et éthiquement parlant, quand on connaît le nombre d’humains souffrant de la famine c’est carrément choquant !
Vous savez quoi regarder pour ne pas vous laisser berner, mais il reste une étape à considérer:
Parlons peu, parlons bien : un textile vraiment responsable est un textile qui laisse un minimum de traces sur la planète une fois qu’il a bien vécu, et donc un textile réutilisable, réutilisé, recyclable, recyclé.
Recyclable dans l’usage qu’on en fait évidemment, parce qu’on va le “pimper” grâce à un coup de baguette DIY (on vous prépare tout un article sur le sujet :)), mais recyclable aussi “en lui-même” car les fibres qui le composent peuvent être recyclés. Et ici la règle est simple: seuls les produits en mono fibres sont réellement recyclables (donc un tee shirt en 98% coton / 2% elasthanne → Pas recyclable par exemple). Donc notre conseil: privilégiez le mono fibre, c’est toujours mieux !
On espère que cet article vous aidera à être attentifs aux matières et à bien les choisir, pour toujours plus de style et d’impact. N’hésitez pas à partager vos remarques, questions et mots doux ici. On est aussi preneuses de tout sujet qu’on pourrait clarifier pour vous. Mercii !
L'équipe du Philanthrope